Chapitre I

 

Une nouvelle menace

 

_ Bonjour messieurs ! Vous avez eu l’honneur d’être acceptés au sein de la garde shotokupumienne. Au cours des 50 jours a venir, vous serez entrainés au maniement de toutes les armes possibles et imaginables. Vous ferez alors officiellement partie de la garde. Nous allons commencer tout de suite, messieurs, à vos naginatas !!

L’homme qui venait de prononcer ces mots n’était autre que Huang, le fils du célèbre Poulpy. Il avait hérité des yeux bleus de sa mère, et ses cheveux bruns mi-longs retombaient sur son front. Il était de forte stature pour un jeune homme de 23 ans. Son armure avait été travaillé par les meilleurs forgerons de Shotokupum, et elle arborait les armoiries de la ville, ainsi que celles de Poulpy. Les pièces de métal et de cuir finement ciselées cachaient de puissants muscles. A l’instar de son père, Huang était un excellent combattant et un tacticien hors pair. Il avait été nommé Fuku-Taisho de Shotokupum deux mois plus tôt, lorsque son prédécesseur avait trouvé la mort lors de l’attaque du village par de mystérieux cavaliers.

Shotokupum n’était plus le petit village qu’avait connu son père. Après la victoire de ce dernier, Shotokupum était très vite devenue célèbre et d’innombrables japonais étaient venus y vivre. En conséquence, d’immenses travaux avaient été entrepris et étaient depuis longtemps terminés. Le village avait multiplié sa surface par cinq. La colline avait été ravalée pour permettre cette expansion soudaine. La palissade extérieure avait été démolie puis reconstruite plus loin pour pouvoir entourer l’intégralité de la ville. Elle avait été lourdement renforcée par de nouveaux blocs de pierre ainsi que par une multitude de tours de guet. Un chemin de ronde large de six pieds avait été également installé sur la muraille. Le centre ville avait changé également : la caserne, le champ de tir et l’armurerie avaient grandi proportionnellement à la ville.

Shotokupum comptait désormais une armée puissante, d’un millier d’hommes, dont cinquante faisait partie de la garde Shotokupumienne, la formation la plus redoutée du japon après la garde rapprochée de l’empereur. La garde avait subi de lourdes pertes suite aux deux précédentes attaques. Huang et Agito ; le capitaine de la garde shotokupumienne ; avaient donc décidés de regonfler les rangs. Mais le niveau exigé était tel, qu’il s’était avéré difficile de trouver des recrues.

Huang regardait ses jeunes recrues s’entrainer aux exercices de coupe a la naginata. La garde étant un composant vital de l’armée de Shotokupum, Huang exigeait de ses hommes une maitrise parfaite de n’importe quelle arme ainsi qu’un mental a toute épreuve. Il n’était pas rare que ce soit des membres de la garde qui dirigent certains groupes de combattants pendant les batailles. Ils se devaient donc d’être les meilleurs et c’est un domaine dans lequel ils excellaient.

_ Huang Fuku-Taisho !! Huang Fuku-Taisho !! appela soudain un soldat tout en se précipitant vers lui.

_ Qu’y a-t-il ? s’alarma Huang.

_ La patrouille de Setsuna est de retour et ils ont de mauvaises nouvelles ! rapporta le soldat.

Les exercices avaient cessés et tous attendaient impatiemment la suite. Setsuna n’était autre que l'un des Taisho de Shotokupum, et également le second de Huang, ainsi que le frère d'Agito. Qui plus est, il était connu pour son calme à toute épreuve, il s’inquiétait rarement. Tous se demandaient qu’est ce qui avait pu faire perdre son optimisme a Setsuna.

_ Parle, je t’écoute, le pressa Huang, visiblement inquiet.

_ Ils ont repéré des ennemis. Ils portent le même étendard que les précédents. Il y a environ quatre-cent cavaliers, ils viennent du sud et ils seront bientôt là !

         Les ordres de Huang ne se firent pas attendre :

_ Sonnez l’alarme !!! Que tout les villageois se replient vers l’intérieur de la cité ! Tous les archers en position sur la muraille sud ! Tous les lanciers sur deux lignes devant la porte, que les guerriers se tiennent prés derrière les murs ! Et que la garde s’équipe de naginatas et se place en formation triangulaire dix pieds devant les lanciers !!

_ Haï Fuku-Taisho !! répondirent en chœur tous les hommes qui avaient assisté a la discussion.

         Quelques secondes plus tard, le gong résonnait dans toute la cité. Mais contrairement a n’importe quelle cité, tout était très bien organisé. Huang avait mis en place un plan d’évacuation après les deux dernières attaques : Les rues principales étaient réservées au passage des soldats, tandis que les villageois empruntaient des rues plus étroites et allaient se mettre à l’ abri au centre de la ville, derrière la deuxième muraille. En revanche, l’agitation régnait devant la porte sud. Sur ordre de Huang les lourds battants de bois et de pierre s’ouvrirent. Un a un, les archers prenaient place sur la muraille. Ils se positionnaient sur deux lignes afin de pouvoir fournir un tir ininterrompu.

_ Setsuna !! Rapport de situation ! ordonna Huang.

_ Tous les archers sont en position Huang Fuku-Taisho ! Les lanciers et la garde sont près a sortir ! Yôko et ses hommes sortent déjà par la porte ouest et attendent vos ordres.

_ Alors en avant !

         Les deux hommes saisirent les naginatas qu’on leur tendait et sortirent de la ville, les lanciers sur les talons. Une fois a l’extérieur, les hommes se déployèrent en quelques secondes. Tous étaient d’excellents combattants ; seuls les meilleurs guerriers de Shotokupum étaient autorisés a manier la naginata, ce qui faisait d’eux la force anti-cavalerie la plus meurtrière de l’empire ; et savaient exactement ce qu’ils avaient a faire. Pendant ce temps, les archers avaient déjà encoché leurs premières flèches. Huang brisa la formation et s’avança de quelques pas. Il ne lui fallut pas attendre longtemps pour voir surgir la cavalerie ennemie au sommet de la plus proche colline. Elle se rapprochait vite et Setsuna ne s’était pas trompé sur le nombre d’ennemis. Huang leva le bras droit, l’ennemi forçait l’allure et se rapprochait toujours plus vite. Huang abaissa le bras et en moins d’une minute plus de quatre-cent flèches s’élevèrent dans les airs. Les cavaliers se protégèrent a l’aide de grands boucliers en osier, et cela combiné au manque de précision dû au tir lobé des archers, cela n’entraina qu’une dizaine de pertes dans leurs rangs. D’un geste, Setsuna fit cesser le tir et s’approcha de Huang.

_ Ils vont être plus coriace que les précédents, j’en ai peur. Lui confia-t-il.

Huang approuva ses paroles et donna immédiatement de nouveaux ordres.

Il ne fallut que très peu de temps pour qu’ils soient transmis et exécutés. En moins d’une minute Huang avait organisé ses hommes de façon à ne laisser aucune chance à l’assaillant. Ses lanciers s’étaient réorganisés de manière a former un triangle parfait, à la pointe duquel se dressait fièrement Huang. Quant aux archers, la plupart avaient déjà bandé leurs arcs comme l’avait demandé Huang.

_ Tu as ordonné à Yôko de sortir par l'ouest avec ses hommes. Montagne et mer n'est ce pas? questionna Setsuna

_ Oui, montagne et mer, acquiesça Huang en souriant. Prépare toi à donner le signal à Yamamoto.

_ Avec plaisir, répondit Setsuna.

 

La cavalerie ennemie se rapprochait dangereusement des lanciers. Les attaquants avaient délaissés leurs boucliers pour saisir leurs katanas. La tension était perceptible chez les défenseurs, si l'un d'eux brisait la formation, c'est toute l'armée qui pouvait en pâtir. Alors que les cavaliers se trouvaient encore à une centaine de mètres, Setsuna brandit soudain son arme dans les airs. La réaction des défenseurs ne se fit pas attendre et presque instantanément, une flèche enflammée fendit l'air en direction du ciel. Suite à ce signal, les archers commencèrent leur œuvre funeste en décochant leurs projectiles. Mais déclencher le tir des archers n'était pas le but premier du signal. En effet, venant de l'ouest de la cité, surgirent soudain soudain une cinquantaine de cavaliers. A leur tête galopait fièrement Une jeune femme aux yeux et aux cheveux clairs. Dans son dos, un étendard de Shotokupum claquait au vent, et les riches décorations de son armure témoignaient de son rang important dans l'armée. En parallèle du feu des archers, la dénommée Yôko et ses hommes décochèrent plusieurs volées de flèches sur les flancs ennemis. La force de cavalerie adverse s'affaiblissait à vue d'œil quand elle se heurta à la formation des piquiers. Gardant leur sang-froid, Huang et ses hommes brisèrent net la charge ennemie en empalant chevaux et cavaliers, forçant ainsi ceux qui les suivaient à passer par les flancs et donc à briser leur formation. Les lames aiguisées de la garde s'emportèrent dans un ballet sanglant, mêlant gracieuses arabesques et mutilations en tout genre. Les assaillants commencèrent néanmoins à submerger la garde mais ils ignoraient tout de la stratégie employée par Huang, cette même stratégie qui allait les mener à leur perte. Pendant que les archers et les yabusame continuaient à harceler les lignes arrières de l’ennemi, les piquiers commencèrent a changer de formation. Les lignes les plus en arrière remontèrent le triangle par les côtés et encerclèrent petit à petit la malheureuse cavalerie. Conscients de la tragique situation qu’était la leur, les quelques ennemis encore vivants prirent la fuite à bride abattue. Mais c’était peine perdue, car c’est précisément ce qu’attendait l’unité de Yôko qui les pris immédiatement en chasse et qui n'eu aucun mal à les exterminer.

Huang s'avança au milieu de la marée sanglante qui s'étalait devant lui. Il s'agenouilla près du corps d'un de ses hommes, celui ci gisait au sol, une pointe de sabre avait transpercée ses poumons et était restée fichée dans son abdomen. Huang s'agenouilla et ferma délicatement les yeux du mort.

_Tu est mort au champ d'honneur, tu a donné ta vie pour défendre les êtres qui te sont chers et ta cité. Aujourd'hui Shotokupum te rend grâce, sache que nous ne t'oublierons pas. murmura Huang avant de se relever.

 

Avec seulement douze morts pour quatre cents ennemis tués, la victoire appartenait sans conteste à Shotokupum. Alors que la joie parcourait les rang de ses hommes, qui rentraient petit à petit dans l’enceinte de la ville, Huang avait le visage sombre. Il ne partageait en aucun cas la joie collective. Premièrement car il avait perdu cinq homme de la garde, de valeureux combattants, et deuxièmement, car il avait le sombre pressentiment que derrière cette attaque se tramait quelque chose de bien plus grave. Il ne manquerait pas de convoquer un conseil dès le lendemain pour faire part de ses craintes aux hautes autorités du village.

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