Vers dix heures, les deux armées étaient face à face et s’observaient. Lya n’avait établi aucune stratégie à part celle qui consistait à mettre des hommes équipés de naginata devant au cas où ils tomberaient sur des cavaliers mais il n’y en avait visiblement pas. Elle jubilait devant le faible nombre d’opposants qu’elle voyait mais pour son plus grand malheur, Poulpy avait disposé ses troupes à la manière d’un iceberg, la partie qu’on ne voit pas est la plus importante.
Lya s’avança vers le centre de la plaine et Poulpy en fit autant :
« Bravo, commença Lya, je vois que tu as réussi a forcer ces lâches à se battre, mais tu ne me vaincras pas, rends-toi et épargne la vie de tes hommes.
- Nous ne nous rendrons jamais, répliqua Poulpy, prépare-toi a subir la plus humiliante des défaites. »
Ils tournèrent les talons et partirent chacun vers leur armée respective et la bataille s’engagea.
    Lya sûre de sa victoire lança ses cinquante cavaliers et la moitié de son armée à l’attaque mais Poulpy avait prévu cette manœuvre et fit un signe à ses hommes. Ayant compris, les guerriers battirent alors en retraite devant la charge des cavaliers. Ceux-ci ne comprirent que trop tard le but de la manœuvre, et la moitié d’entre eux tombèrent dans des trous creusés et soigneusement camouflés par les hommes de Poulpy. Les cavaliers restant continuèrent la charge mais derrière la retraite des guerriers se cachait un deuxième piège, des hommes armés de naginatas, environ une trentaine, venaient droit sur les cavaliers qui n’eurent pas le temps de réagir. Pas un seul d’entre eux n’arriva à blesser l’un des lanciers. Les autres hommes que Lya avait envoyés avançaient maintenant à tâtons craignant de tomber dans d’autres pièges. C’est là que Lya avait commis sa seconde erreur, elle avait envoyé ses lanciers laissant ainsi le reste de l’armée exposée à une attaque de cavaliers. Poulpy donna un ordre et les lanciers s’effacèrent pour laisser place aux archers. L’un d’entre eux mit le feu à l’une de ses flèches et tira en l’air, c’était le signal, une pluie de flèches venant des bois se mit à pleuvoir  sur les troupes de Lya et nombre des hommes tombèrent alors sans savoir d’où les flèches venaient. La première vague avait passé les pièges et chargeait maintenant les archers qui tirèrent le plus possible avant de battre en retraite laissant place à Poulpy et tous les guerriers. Poulpy se fraya un chemin dans les rangs ennemis à chaque coup qu’il portait, il tuait un homme mais pour un ennemi tué, trois autres prenaient sa place. Derrière lui, ses hommes se battaient comme des lions et en se protégeant mutuellement, ils arrivaient à tuer un grand nombre d’ennemis tout en subissant le moins de pertes possibles. Mais ils ne tiendraient pas longtemps et Poulpy le savait ; ainsi il lança un second ordre et cinq de ses hommes formèrent un cercle autour de Ryo qui saisit son yumi, alluma trois flèches et les tira en l’air.
Un second signal. Quelques secondes plus tard une quarantaine de guerriers sortirent des bois et attaquèrent l’ennemi à revers. Les hommes de Lya avaient beau être de très bons combattants, ils ne pouvaient vaincre, pris entre deux groupes d’ennemis qui se battaient mal mais férocement et qui s’entraidaient ; leur nombre diminua lentement mais sûrement,  puis il n’y en eut plus. Les hommes de Poulpy se replacèrent en formation. Les capitaines firent leur rapport, on comptait trente-deux morts et autant d’hommes gravement blessés, soit soixante quatre hommes dans l’incapacité de se battre.
Il restait en face environ cinq cent hommes et ils étaient sur leur garde, ils avaient assisté à la disparition des cavaliers qui tombaient dans des trous, aux flèches qui pleuvaient d’on ne sait où et à l’élimination totale de la moitié de leur armée. Ils commençaient à douter de leur chance de victoires. Poulpy ne voulait pas laisser Lya remotiver ses hommes, ainsi, se retournant vers ses hommes, il cria :  
« Pour Shotokupum ! Pour la victoire ! Chargez ! »
En même temps, Ryo tira à nouveau quatre flèches enflammées.  Alors que les hommes de Lya voyaient l’ennemi les charger, des volées de flèches commencèrent à pleuvoir sur leurs têtes, une vingtaine d’hommes partirent alors en direction des archers embusqués mais une fois dans les bois, ils furent accueillis par des hommes en armes qui leur tombèrent dessus si vite qu’ils n’eurent pas le temps de se défendre. Tout en courant, Poulpy se saisit d’un yumi et tira deux flèches enflammées dans le ciel et cria à ses hommes : « C’est l’heure de vous dévoiler mon unité secrète » et comme en réponse à ses paroles, des hennissements se firent entendre. Derrière l’armée de Lya, sortant des bois apparurent trente hommes montés sur des chevaux et armés de yumis. Huang était à l’avant et cria « pour Shotokupum ». Ils avançaient  vers l’ennemi tout en décochant leurs flèches qui firent des ravages. Lya commençait à paniquer, l’arrière de son armée était extrêmement vulnérable et elle ne disposait d’aucun lancier.
À environ cent mètres de l’ennemi, les cavaliers mirent leur arc dans le dos et prirent des naginatas, attachés à leur selle et chargèrent. En même temps, Poulpy et ses hommes avaient atteint l’avant de l’armée. Puis des deux cotés, encerclant l’armée de Lya sortirent des bois d’autres hommes armés de katana. L’armée de Lya était totalement encerclée et ne tiendrait plus très longtemps.
La bataille faisait rage, les pertes étaient grandes dans les deux camps mais les hommes de Poulpy s’entraidaient et cela leur donnait un avantage énorme en plus du fait qu’ils encerclaient leur ennemi. Poulpy tomba alors sur Lya, son armure tachetée de sang :
« Te voilà toi, je vais enfin pouvoir te faire taire cracha Lya.
- Si tu crois ça, tu te trompes, répondit Poulpy. »
Lya l’engagea alors en combat et tenta par trois fois de le trancher en deux et par trois fois, Poulpy esquiva la lame de justesse. Il eut moins de chance la quatrième fois et le sabre de Lya lui entailla sérieusement le bras, mais il était décidé à ne pas se laisser faire. Il para le cinquième coup de Lya et tenta de l’atteindre aux côtes mais elle fut plus rapide et esquiva le coup avec une agilité incroyable. Poulpy réussit ensuite à lui entailler la jambe mais elle lui rendit la pareille. Elle allait lui porter le coup de grâce, Poulpy ferma les yeux mais ne sentit rien, il les rouvrit et vit Huang tomber par terre, le sabre de Lya lui avait traversé le ventre.
« Pourquoi t’es tu sacrifié pour moi Huang, il ne fallait pas, prononça Poulpy.
- Pour protéger l’homme à ma gauche, quoiqu’il en coûte comme tu nous l’as enseigné, répondit Huang. Merci de m’avoir permis de combattre à tes cotés, de m’avoir permis de regagner mon honneur. Adieu Poulpy. »
Ces deux mots s’éteignirent dans sa bouche. Poulpy se leva les larmes aux yeux. « Je vais te tuer »dit-il à Lya puis, quand il allait l’attaquer, un tambour se fit entendre.
Au loin et sur les collines, autour des hommes de Poulpy des hommes apparurent, plus d’un millier, l’un d’entre eux portait une bannière, tous reconnurent l’emblème de Pim.
 « On dirait bien que tu as perdu, ricana Lya. »
Les hommes de Poulpy furent encerclés et n’avaient cette fois aucune chance de gagner.
Une dizaine d’hommes en armures dorées, montés sur de magnifiques étalons noirs, s’avancèrent et formèrent une ligne devant Poulpy et Lya. Puis  sur un cheval blanc arriva un homme, son armure luisait au soleil, sur son épaule, tombait une longue tresse noire.
Lya s’agenouilla et dit :  
« _ Daimyo Pim, général Lya, a votre service.
   _ Relève toi, dit-il en descendant de son cheval. Puis, s’adressant a poulpy : Je suppose que tu est Poulpy le déserteur ?
   _ Oui, répondit Poulpy.
   _ Bien, nous allons régler cette histoire tout de suite. »
Pim dégaina un magnifique katana et l’abattit avec une force incroyable. Poulpy crut sa dernière heure arrivée mais le katana entailla l’épaule de Lya et poursuivit sa course jusqu’au ventre. Lya tombât par terre en murmurant :
« _ Pourquoi ?
   _ Pourquoi ? Te souvient tu du daimyo que nous avons détrôné a Saitama et que j’ai exilé ? C’était mon père. Après son exil, il s’est réfugié dans ce village ou il est devenu senseï. Si je t’ai donné l’ordre de ne pas attaquer le village et de simplement le soumettre en exerçant un blocus, c’était pour une bonne raison. Pour m’avoir désobéi, tu vas mourir, expliqua Pim.


Après la bataille, les survivants de Shotokupum furent soignés et reconduit à leur village qui bénéficia d’une protection de l’armée de Pim ainsi que d’une aide pour se nourrir, la plupart des hommes étant morts. Poulpy mourut un an après, ses blessures étaient profondes et s’étaient infectées. Mais, il était pleinement satisfait de sa vie car Hitomi accoucha d’un enfant neuf mois après la bataille, qu’ils appelèrent Huang en hommage à celui qui avait donné sa vie pour sauver celle de Poulpy. Shotokupum vécu en paix, Pim  devint l’empereur du Japon et les anciens commandants de Poulpy  restèrent à Shotokupum.


Mais aujourd’hui, un danger encore plus grand que celui affronté par mon père il y a vingt cinq ans menace notre village. C’est ainsi que selon la volonté de Shotokupum, moi Huang, j’ai pris les armes pour mener notre clan a la victoire.

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