Sur ces mots, Poulpy quitta le dojo et rejoignit ses hommes. Il leur  exposa la situation Puis vingt des hommes partirent dormir pendant que Poulpy et les cinq hommes restant montaient la garde. Poulpy recensait les armes de l’armurerie. Bien que les hommes de ce village ne savaient pas se battre, Poulpy avait déjà trouvé une centaine d’arcs, une quantité énorme de flèches, ainsi que trois cent sabres de toutes tailles et de toutes formes. Il y avait également un nombre important de naginatas. Il y avait assez d’armes pour équiper la moitié de l’armée de Lya, ce qui représentait un grand avantage sur leur ennemi.
Le gong retentit soudain, des ennemis approchaient. Tous les samouraïs de l’armée étaient formés au tir à l’arc. Poulpy s’empara d’une vingtaine d’arcs et de plusieurs carquois remplis de flèches qu’il amena à la palissade extérieure. Une cinquantaine de cavaliers approchaient. Au petit trot. Ils ne savaient pas que les déserteurs étaient ici. Poulpy en tira immédiatement avantage ; ses hommes s’équipèrent de yumis et de flèches et se cachèrent tout autour de la place qui se trouvait derrière la porte. Le senseï dit à ses hommes de ne pas parler des déserteurs, puis se plaça en face de la porte avec quelques gardes. Les cavaliers entrèrent quelques secondes après. Et s’arrêtèrent sur la place. L’un d’eux, visiblement le chef déclara :
« Nous cherchons vingt-six hommes, en armure de samouraïs. Sont-ils ici ?
- Je crains de ne pouvoir vous aider fit le senseï, vous m’en voyez désolé. »
Les cavaliers ne remarquèrent pas que la porte s’était refermée derrière eux. Soudain, un sifflement brisa la discussion des deux hommes. Le chef ne comprit que trop tard que c’était une flèche. Il fit donc les frais de son inattention et tomba par terre, une flèche dans le ventre. Les cavaliers dégainèrent leur sabres mais d’autres flèches fendirent l’air, venant de tous cotés et les réduisirent très vite au nombre de trois sans qu’ils ne puissent réagir. Les archers apparurent alors de tous côtés, Poulpy s’adressa aux survivants :
« Retournez à votre campement, informez Lya que nous défendrons ce village jusqu’au dernier souffle et que si elle veut se battre, nous nous battrons dans six jours, dans la vallée voisine.
- Ce sera fait, répondit l’un des cavaliers. Dans une semaine, vous serez des hommes morts »
Le cavalier cracha en direction de Poulpy qui l’abattit d’une flèche en plein cœur. La porte se rouvrit et les deux cavaliers restant détalèrent au grand galop.
Poulpy et ses hommes se rassemblèrent au centre de la place et entreprirent de transporter les corps. Les chevaux furent amenés dans le pré derrière le village. Au bout d’un moment, la place était à nouveau dégagée et Poulpy méditait quand un homme s’approcha de lui. Il portait une hakama bleu foncé ainsi qu’un keikogi de même couleur. Par-dessus, il portait une armure de bushi et tenait une naginata dans sa main droite.
- Je me nomme Huang Satsugen. Mon père était autrefois un grand guerrier, mais un jour, alors que nous étions partis en forêt nous avons été attaqués. Je me suis enfui et mon père a été tué. Cette naginata lui appartenait, dit-il en désignant l’arme. Aujourd’hui, je veux me battre à vos côtés pour retrouver mon honneur et pour défendre mon village.
- Ton courage t’honore Huang, puisque tu veux te battre, qu’il en soit ainsi, déclara Poulpy. Va trouver mon père il t’apprendra le maniement de cette arme.
- Merci de m’accorder votre confiance, je ne vous décevrais pas répondit Huang.
Sur ce, il partit en direction de la caserne.
Le soir venu, Poulpy apprit de son père que Huang avait fait des progrès énormes en quelques heures et que c’était un très bon guerrier. Cette nouvelle ravit Poulpy, qui considéra que si un homme pouvait apprendre à manier une arme en quelques heures, les autres pourraient aussi en faire autant.
Tous les hommes étaient réunis autour du feu, sur la place centrale du village, tous attendaient le discours de Poulpy. Un grand silence s’installa quand il se dressa à côté du feu, puis il commença :
« Ce soir ce n’est pas le samouraï qui vous parle, ce n’est pas le déserteur mais le simple villageois japonais. Votre village est confronté au plus terrible défi que vous aurez à relever.
Pourtant, pour la première fois dans la conquête entreprise par Pim, un des villages est capable de se soulever et d’éviter sa soumission.
À vous tous qui m’écoutez,  je veux vous dire que quelle que soit votre décision je me battrai pour défendre votre village car je refuse que l’on massacre des innocents pour une simple question de conquête.
Au long des siècles, marqués par le chaos, les errements, la discorde et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevés au dessus de notre condition, c’est notre courage. Alors messieurs, ayez le courage de défendre vos familles et vos maisons, battez-vous pour nous, battez-vous pour votre liberté.
Villageois, puissions-nous survivre à cette épreuve, bonne chance à tous et que les kamis soient avec vous. »
Personne ne se manifesta, apparemment, les villageois de Shotokupum  étaient trop lâches pour se battre. Poulpy s’apprêtait à partir quand un homme se leva :
« Je me battrais avec vous, dit-il, je refuse de me soumettre.
- Et il ne sera pas tout seul, moi et mes fils nous battrons aussi déclara un second homme, qui s’était levé. »
Et peu à peu tous les hommes du village décidèrent de se battre. Poulpy était ravi,  leur nombre était passé de vingt-cinq à un peu plus de trois cent en quelques minutes, mais ce n’était pas fini, la nuit serait longue, il fallait répartir les hommes en divers groupes, archers, piquiers, guerriers et les équiper.
À l’aube, à peine plus de la moitié de ces hommes étaient armés, et il restait à peine cinq jours pour les entraîner avant la bataille.
Vers midi, il régnait une agitation inhabituelle dans le village de Shotokupum : partout résonnaient des bruits de combat, on entendait des flèches siffler dans les airs. Les hommes de Poulpy entraînaient des petits groupes de combattants partout où il y avait assez de place.
La caserne et le champ de tir étaient occupés par tous les archers que comptait désormais le village. Poulpy contemplait tout cela depuis une des tours de guet que comptait la palissade extérieure quand la trappe se souleva et une jeune femme gravit l’échelle un bol à la main. Elle avait de longs cheveux bouclés d’un blond très clair parsemé de mèches brunes. Elle avait les yeux noisette et une jolie figure séduisante dont chaque ligne révélait une grâce particulière. Elle était mince et vêtue d’une longue robe blanche. Le soleil de midi jetait des éclats dorés sur sa chevelure.
« J’ai pensé que vous auriez faim, dit-elle timidement en tendant le bol qui était rempli de riz.
   _ Je vous remercie, c’est très gentil de votre part répondit Poulpy en prenant le bol, mais quel est votre nom ?
-  Je me nomme Hitomi, déclara t-elle. Je vis ici depuis mon plus jeune âge. Nous n’avons jamais eu d’ennemi et avons toujours vécu en paix mais aujourd’hui j’ai très peur. Le danger que représente Lya est immense et je ne veux pas mourir.
- Ne vous inquiétez pas Hitomi, si cela est nécessaire je suis prêt à donner ma vie pour vous sauver, vous ou n’importe qui dans ce village. »
La trappe se souleva alors et Keiken apparut :
« Ryo a besoin de toi pour les exercices à la naginata, dit-il.
- J’y vais tout de suite répondit Poulpy en attrapant ses armes. »
Puis il descendit l’échelle et partit en direction du centre du village.

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