Shiro Samurai:

Episode 1 : POULPY, le samouraï blanc

 

     Poulpy, Ryo, Takeshi, Hikaru, Ha-ya-to, Keiken et les autres marchaient depuis plusieurs minutes maintenant. Le ciel s’éclaircissait peu a peu, le sentier était rocailleux et un faux mouvement pouvait coûter cher. Des bruits de chevaux se firent entendre. L’alerte avait du être donné et les quelques cavaliers que comptait l’armada s’étaient lancés à leur poursuite. La troupe accéléra le pas, ils ne pouvaient se cacher nulle part, leur seule chance était de gagner le sommet de la colline et de combattre à la naginata. Les bruits de course se rapprochaient et à quelques dizaines de mètres d’eux apparurent des cavaliers lancés à vive allure, sabre à la main. Poulpy donna ses ordres. Les vingt guerriers prirent leur naginata. Quand aux cinq archers, ils se retranchèrent plus en hauteur.
Les cavaliers se rapprochaient quand les archers décochèrent leurs flèches. Les trois premières manquèrent leur cible mais la troisième se ficha dans le poitrail d’un des chevaux qui tomba en hennissant. La quatrième atteint un cavalier au visage.
Il était trop tard pour décocher d’autres flèches, les cavaliers étaient sur eux. Les guerriers de Poulpy usèrent de la naginata  et firent des ravages chez l’ennemi. Les cavaliers peu nombreux furent vite annihilés et la troupe repartit plus vite afin d’atteindre le village avant que d’autres cavaliers n’arrivent.
Poulpy était songeur, il réfléchissait aux derniers événements, tout s’était passé tellement vite. Il essayait de se remémorer pourquoi il avait déserté. Les images se bousculaient dans sa tête, on était en l’an 1536  au Japon et Pim un daimyo très puissant avait levé une grande armée qu’il avait lancée à la conquête du Japon. Elle était composée de trois compagnies comptant chacune un millier d’hommes. Poulpy servait dans la première, la plus puissante des trois. Elle était dirigée par Lya, une femme très puissante qui maniait le katana comme personne. Lya était crainte dans toute l’armée car elle agissait sans scrupules et ne regrettait jamais ses décisions. La première compagnie était cette fois  chargée de soumettre un clan de samouraïs, le clan des Shotokupum. Mais Lya en avait décidé autrement, elle avait chargé Keiken le père de Poulpy de brûler le village. Comme il avait refusé, il avait été mis aux arrêts et Poulpy avait été nommé à la tête de l’unité et chargé de la même mission. Mais il ne l’entendait pas de cette oreille et ses hommes non plus. Ils avaient donc libéré Keiken avant de prendre la fuite en abattant deux gardes. Et maintenant ils marchaient en direction du village pour les prévenir du danger qui planait au dessus de leur tête mais que pourraient-ils bien faire pour sauver le clan des Shotokupum ? Ils n’étaient que vingt-cinq et Lya avait sous ses ordres un peu moins de mille hommes.
Poulpy se demandait si il avait pris la bonne décision quand ils arrivèrent  au village. C’était un petit village tranquille peuplé de paysans qui vivaient bien grâce à leurs abondantes récoltes. Il était situé en haut d’une immense colline. On y apercevait de nombreux champs de riz, de légumes et quelques maisons éparpillées. Le village était entouré d’une énorme palissade de bois renforcé par des blocs de pierres érigés dans des temps immémoriaux. Au centre du village se trouvait la maison du senseï de Shotokupum. C’était une grande battisse faite de bois. Autour, se trouvait la caserne, le champ de tir, l’armurerie et le temple. Ces cinq  bâtiments étaient entourés par une autre palissade. Enfin, derrière le village se trouvait un grand pré où broutaient une trentaine de chevaux.  Poulpy porta son attention sur la palissade extérieure, elle mesurait environ six mètres de haut et trois d’épaisseur. Tous les dix mètres environ on apercevait une tour de guet, chacune munie d’un gong. Du haut de ces tours on pouvait voir toute la vallée. Elles étaient faites de pierre et de bois et offraient à la fois une protection aux hommes qui s’y trouvaient et un poste de tir excellent pour les archers.
Ils demandèrent à parler au senseï. Ils furent escortés par une dizaine d’hommes en armure de samouraï ne sachant visiblement pas se servir d’une arme puisqu’ils n’en portaient aucune.
Seul, Poulpy qui était le chef fut autorisé à entrer. À l’intérieur, il régnait une ambiance lugubre. Poulpy fut escorté par deux autres samouraïs eux aussi non armés qui le conduisirent au dojo. Ils poussèrent une porte de bambou et introduisirent Poulpy dans la pièce Avant de refermer la porte. Le senseï s’entraînait au kenjutsu, art ancestral pratiqué par les samouraïs afin de se perfectionner au maniement du katana. Quand il remarqua Poulpy il s’arrêta et, s’avançant vers lui, déclara :
  « Je vois à ton armure et à tes armes que tu est au service de Pim, ou plutôt était, je me trompe ? Sinon que viendrais-tu faire dans mon dojo alors que tu aurais aisément pu incendier le village. Et pourquoi ton armure serait-elle maculée de sang alors qu’il n’y  a eu aucun affrontement ?
- Vous êtes très perspicace, remarqua Poulpy. Je suis en effet un déserteur ainsi que les vingt-cinq hommes qui attendent dehors. Nous avons fui le camp cette nuit avec un prisonnier qui avait refusé de mener la mission consistant à incendier votre village. Nous nous refusions à massacrer inutilement des civils et nous sommes donc partis.
Et tu viens demander l’asile ainsi que mon aide pour lutter contre Lya, n’est ce pas ? fit le vieillard.
-  C’est exact noble senseï. Veuillez nous accepter moi et mes hommes au sein de votre village, répondit Poulpy.
- Je veux bien à une seule condition. Comme tu l’as sûrement constaté, mes hommes ne portent pas d’armes, tout simplement car ils ne savent pas s’en servir. Le clan des Shotokupum a toujours été très lâche et n’a jamais appris à se battre car ils n’ont aucun ennemi. J’ai été un daimyo il y a longtemps mais j’ai été détrôné par mon fils. Je me suis retiré dans ce petit village ou mon expérience au combat et mes compétences à gouverner m’ont valu le titre de senseï. Vous mettez le village en danger si vous restez ici et vous ne pouvez le défendre si Lya attaque en force. Soit vous persuadez les hommes de se battre et leur apprenez à manier les armes qui se trouvent dans l’armurerie, soit vous quittez le village dés demain.
- Je me plierai à votre volonté. J’essaierai de convaincre vos hommes ce soir. Si j’échoue moi et mes hommes partirons à l’aube. Jusque là, nous protégerons le village. Merci pour votre hospitalité.

Il y a un mot, une expression que vous ne comprenez pas ?

Le lexique est là pour ça !